Voilà encore une bonne cuvée qui favorisera sans nul doute l’éclosion d’un
marché sain à travers nos salles des ventes. Encore un petit effort…
Le mastodonte du secteur, CMMOA… et Mémo arts se partagent le dessus du
nan-nan avec des ventes montées, des lots de haute volée dont on retrouve
souvent (trop souvent) les traces dans de précédentes vacations en France (le
dernier catalogue de la CMMOA est un surprenant répertoire à la Prévert des
grands noms de la peinture des 70 dernières années : Poliakoff, Klein, Picasso,
Rousseau, Arman, y compris une toile de l’incontournable Glaoui, exposée jadis
au Hilton (désormais rebaptisé Sofitel Jardins des Roses, à Rabat).
Trois autres salles des ventes se partagent le marché à des prix de réserve
plus modérés !
Dans la capitale économique, Eldon & Choukri, qui furent les premiers à
occuper le terrain avec des ventes charmantes, éclectiques, d’argenterie, de
porcelaines fines, de bronzes et œuvres d’art, de petit mobilier.
Marauction, qui se spécialise
dans l’art tribal marocain, toujours à Casablanca, et dernièrement Tanger
Auction, qui s’est adjoint les conseils éclairés de Maitre Boisgirard, de Paris…
Que dire de cette dernière cuvée 2009 ? Qu’il faudra
bien un jour ou l’autre (le plus tôt sera le mieux) qu’une chambre corporative
des salles de vente voie le jour au Maroc, régulant, organisant, contrôlant ces
ventes publiques, afin que de façon claire et précise, le chaland, habitué des
salles de vente puisse connaître la cote “véritable” des objets et œuvres d’art
proposés ! Savoir, in fine, si l’objet a été “ravalé et retiré” ou “adjugé” et
à quel prix …
En Europe, ces adjudications font l’objet d’un bordereau récapitulatif de
vacation, le commissaire priseur est tenu de tenir un tel document sous forme
de procès-verbal … Voilà qui mettrait de l’ordre au niveau des adjudications
…
A noter la perte de vitesse de la veine “peinture orientalisante” qui, à force
d’avoir usé et abusé de cette peinture sous toutes les coutures, en est arrivé
quasiment à un phénomène de rejet !
Belle percée de Marauction, cette année écoulée, qui se spécialise dans les
arts traditionnels et tribaux au Maroc : bijouterie, tissus, tapis, portes
anciennes, bibliophilie … Mais aussi des œuvres de peintres délaissés, qu’on
appelait à une autre époque les peintres maudits. La cote des différents objets
présentés s’affirme dans un marché étroit, de haute spécialité : c’est tout à
l’honneur de cette salle des ventes qui n’a pas choisi la facilité !
Tanger Auction, après un démarrage heureux (sa première vacation fut en effet
une pleine réussite), peina à la tâche lors de sa deuxième prestation, la
troisième vente, sans être un succès marquant, permit de retrouver des cotes et
des adjudications conformes à un marché dans la norme.
On regrettera que ces deux dernières salles ne présentent pas plus de petit
mobilier, ou des objets de vitrine … Le marché du tableau n’étant pas
extensible à l’infini ! Puisque nous parlons de peinture, un des grands
avantages de ces vacations publiques est peut-être de permettre de calmer les
ardeurs délirantes de certaines jeunes ou moins jeunes signatures qui
affichaient des prétentions tarifaires incroyables (poussées évidemment par
certains galeristes que ma mauvaise morale m’interdit de détailler).
Tel peintre
marrakchi spécialisé dans la calligraphie, affichant des tarifs élyséens
20.000/30.000 Dh, passé en salle des ventes, a été adjugé tout juste 3/4000 Dh,
tel peintre Pi Poule lancé par la Jet Set décoratrice,
proposant des toiles en galerie autour de 50.000 / 90.000 Dh, a été adjugé
dernièrement et péniblement autour de 8.000 Dh ! Bonjour l’atterrissage … Que
dire aussi d’œuvres parfaitement secondaires, signées par certains “maitres” de
l’école marocaine, contresignées par l’héritier ou l’héritière du papa ou de la
maman décédés … proposées à des tarifs esbroufant.
Certaines œuvres de peintres vivants, affichées comme
des œuvres maîtresses, passées de galeries en galeries, de salle des ventes en
salle des ventes, de pays en pays ... Au final avec un goût amer de réchauffé …
Mais à part ça, Madame la Marquise ... chapeau bas : de beaux catalogues
comportant de belles nomenclatures sur de nombreux artistes, un marché qui va
se réguler dans les années à venir, de nouvelles signatures qui apparaissent et
confortent leurs positions ! Rien que de très positif finalement …

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