Dans les dîners en ville (Casablanca
n’échappe pas à la règle et s’en est même fait une spécialité), de quoi parle
t’on globalement : de la cuisine du dernier restaurant à la mode (une
Maison Blanche franchise des inoxydables Frères Pourcel ouvre ses portes
prochainement), de la dernière boutique « bling bling » d’une grande
marque française abonnée au Cac 40 ou alors de ce kaftan
porté par la voisine de table lors du dernier mariage qui fit jaser toute la
capitale économique.
Tous ces thèmes ont le
chic pour semer la zizanie. Mais que révèlent vraiment ces petites disputes
entre amis et amies, dignes du Carnage filmé par Polanski…
1 - la musique dans les lieux publics ?
Pour certains la musique
(classique) est une marque d’origine contrôlée, pour d’autres un masque social
(jazz et blues). Les premiers y voient une fin, les seconds un moyen pour jouer
de l’escalator social. Désormais la musique est partout : salle de
concert (trop rares au Maroc) ascenseur, magasins, aéroports… et
alors ! Toujours réservé quel que soit le cas de figure à une élite.
2 - L'art contemporain est-il surévalué ?
C’est sûr ils nous font avaler à
peu près n’importe quoi, et tout ce beau monde « picpoule » de s’esbaudir,
peu de sujets sont aussi récurrents que celui ayant trait à la nouvelle vague…
Pour les sceptiques (dont je fais benoitement partie) l’Art Contemporain reste
le parfait « attrape nigaud » façon – Veau d’Or – la bête entière
trempée dans le formol par Damien Hirst… Avec Versailles et les
expos Jeff Koons, Xavier Veilhan et Bernar Venet : le conservateur de
l’époque nous a fait avaler de belles couleuvres.
Pour les autres cet art est
déclaré « terra Incognita » quelques doux dingues ou très malins nous
feraient ils prendre des « vessies pour des lanternes » Pourvu
que ça dure?
3 - Intouchables est-il un film politiquement correct ?
Vaste programme (comme aurait dit
le Grand Charles), si vous avez aimé, vous êtes un « beauf, un réac , un
plouc même ».
Comment ce film grand public passerait-il à
coté de tous les problèmes? Et la lutte des classes
alors : pourquoi le « black » de banlieue n’aurait-il pas
droit à aimer Vivaldi? Et si on nous la faisait sentimentale avec le coup de l’histoire
authentique, il était temps de réagir et de ne pas se laisser allé aux bons
sentiments par les mauvais temps qui courent le derb!
4 - Faut-il hacher menu les chefs cathodiques ?
En France nous avons nos Chefs Cathodiques, Cyril
Lignac avec ses trois restaurants (un temps estampillé Marrakech Vieille Pie),
et puis Thierry Marx qui pilote les cuisines du Mandarin Palace à Paris (on a
d’ailleurs failli avoir un Mandarin à Marrakech, l’affaire est reportée « sine
die »)…
Un bon Chef télévisuel aujourd’hui fait dans l’esbroufe, la tape à
l’œil et ça marche ! Au Bled aussi la cuisine de nos Chefs ressemble à ce
monde de l’éphémère, du simulacre… « Y’as qu’à » voir le Chef multi
étoilé du Saadi qui nous arraisonne le paysage d’une cuisine
internationale aux accents de nos célèbres tajines en compagnie de
la charmante « Choumicha » ( et ça marche bien ), le tout adossé à un blog
érigé à leurs gloires intitulé « maroc foudinge », on nous
annonce dans la foulée une pléiade de Chefs étrangers qui viendraient
fleurir la capitale du Sud pour des diners élégants comme l’avait fait « Vullin »
alors Chef de Dar Ennasim.
Ben tiens encore un sujet de
conversation ? de quoi meubler nos fameux diners en ville !
5 - Les cyclistes et scooters ont-ils trop (ou tous) les droits ? Ou les TERRORISTES DU BITUME…
Casablanca (et Marrakech) sont
un cauchemar automobile, chacun le sait… reste que les usagers des
deux roues sont une humanité à part , çà vous grimpe sur le trottoir pour un
oui, pour un non , ça vous envahit le bitume pédestre … Vous ne devez votre
salut qu’à la présence d’un container à déchets que vous lancez discrètement
dans les roues du scooter en espérant qu’il va se casser le nez dessus… Cà
marche parfois ! On a les petits bonheurs mesquins que l’on peut « nous »
pauvre piétons agressés à tout va ! Amour ou désamour, va bien falloir
cohabiter mais entre gens civilisés… Encore un effort ! ouf …
6 - Le menu dégustation est-il la fin des haricots ?
En période de crise depuis 2 ou 3
ans, je vous ai bassiné avec cette histoire de menu ou d’Ardoises détaillant
le marché du jour, la mayonnaise a prise et comment donc ! Presqu’une
calamité entre « douce passade » et « piège à Gogos », et
puis désormais c’est le «menu dégustation» qui vous envahi la cuisine, la carte,
le menu, le toutim… C ‘est le Chef qui vous impose son (soit disant) marché
du jour en micro composition - couplets et refrains compris -, voilà une
drôle de Carmagnole qui risque encore et un peu plus de dégouter le chaland en
goguette, on en mangerait sa carte de paiement pour moins que cela! Vénération
et obéissance aux Chefs de cuisine, voilà notre nouveau Crédo!
Bof… Déjà qu’il attrape la grosse
tête en temps normal!
13 – Un grand groupe hôtelier est-il soluble dans le temps ?
Beau débat… pas près d'être
refermé, c'est un peu la quadrature du cercle façon Sofitel (ou
Carlton selon vos canons) de la restauration de haut vol. Rien n'est plus
excitant que de lancer ce sujet lors d'un dîner en ville (çà il faut
reconnaitre qu’il y avait de quoi clabauder dans la mare aux canards).
On y retrouve, pêle-mêle,
l'accueil (minimaliste ou mieux condescendant), les nourritures (éthérées
sinon altérées), la suffisance (ah çà c’est vrai, ces jeunes cadres dynamiques
qui vous accueillent souvent comme un vieux chien dans un jeu de quilles).
Pourtant, ceux qui pratiquent ce
genre d'établissements y reviennent comme si de rien n'était (votre serviteur
par exemple, j’en suis à ma quatrième tentative au restaurant gastronomique du
Sofitel « rosière » de Rabat). Nous avons donc appris à
surfer sur notre désamour, devancer les snobismes, nous blinder en quelque
sorte…
En résumé!.
Il restera toujours des
malentendus, des recalés: et alors que serait le sel d’un diner en ville sans
la causticité, la vachardise poilante des convives?
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